ricazerty
il y a 16 ans
Au moment où nous voyons remis en cause le socle des
conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des
mouvements de Résistance et des forces combattantes de la
France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations
à faire vivre et transmettre l'héritage de la Résistance et ses
idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale
et culturelle.
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au
sacrifice de nos frères et sours de la Résistance et des
nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace
n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice
est toujours intacte. Nous appelons, en conscience, à célébrer
l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes
partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de
pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous
succéderont d'accomplir trois gestes humanistes et
profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la
flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais :
Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements
sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens,
les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire
du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.)
adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale
et retraites généralisées, contrôle des « féodalités
économiques », droit à la culture et à l'éducation pour tous,
presse délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales
ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer
aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces
conquêtes sociales, alors que la production de richesses a
considérablement augmenté depuis la Libération, période où
l'Europe était ruinée ? Les responsables politiques,
économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne
doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par
l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui
menace la paix et la démocratie.
Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations,
institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser
les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes
politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus
seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un
nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle,
sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de
l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent
des injustices sociales.
Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les
anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités
publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les
moyens de communication de masse qui ne proposent
comme horizon pour notre jeunesse que la consommation
marchande, le mépris des plus faibles et de la culture,
l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous
contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias
soient désormais contrôlés par des intérêts privés,
contrairement au programme du Conseil national de la
Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui
commence, nous voulons dire avec notre affection :
« Créer, c'est résister. Résister, c'est créer ».
------------------------------------
Signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli,
Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin,
Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London,
Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant,
Maurice Voutey.
-----------------------------------
(le journal Le Monde a refusé de publier ce texte.)
conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des
mouvements de Résistance et des forces combattantes de la
France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations
à faire vivre et transmettre l'héritage de la Résistance et ses
idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale
et culturelle.
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au
sacrifice de nos frères et sours de la Résistance et des
nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace
n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice
est toujours intacte. Nous appelons, en conscience, à célébrer
l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes
partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de
pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous
succéderont d'accomplir trois gestes humanistes et
profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la
flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais :
Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements
sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens,
les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire
du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.)
adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale
et retraites généralisées, contrôle des « féodalités
économiques », droit à la culture et à l'éducation pour tous,
presse délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales
ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer
aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces
conquêtes sociales, alors que la production de richesses a
considérablement augmenté depuis la Libération, période où
l'Europe était ruinée ? Les responsables politiques,
économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne
doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par
l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui
menace la paix et la démocratie.
Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations,
institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser
les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes
politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus
seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un
nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle,
sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de
l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent
des injustices sociales.
Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les
anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités
publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les
moyens de communication de masse qui ne proposent
comme horizon pour notre jeunesse que la consommation
marchande, le mépris des plus faibles et de la culture,
l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous
contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias
soient désormais contrôlés par des intérêts privés,
contrairement au programme du Conseil national de la
Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui
commence, nous voulons dire avec notre affection :
« Créer, c'est résister. Résister, c'est créer ».
------------------------------------
Signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli,
Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin,
Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London,
Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant,
Maurice Voutey.
-----------------------------------
(le journal Le Monde a refusé de publier ce texte.)